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[.57i]
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DE LA VILLE DE PARIS.
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ronnée representant Pharamond, premier Roy des Françoys, ayant près de sa teste ung corbeau, oyseau dedié à Appollon qui préside aux colonies, portant en son bec des espiez de bled, pour monstrer qu'il avoit conduict son peuple d'ung païs stérile en ung païs plus fertile, auquel il s'arresta, comme assez le demonstroit une vache paissant, laquelle estoit dans le fond d'ung aultre pied d'estalt, sur lequel estoit porté ce Pharamond, de semblable ordonnance, mesure et enrichissement que celuy de Francion. Laquelle vache signiffié fertilité, comme il fut en pareil manifesté par l'oracle donné à Cadmus, filz d'Agenor. En signe de quoy nous voyons encores aujourd'huy plusieurs grandes et anciennes maisons de l'Europe, mesmes en France, porter la vache en leurs armoyries, pour signiffier la bonté et fertilité de leurs païs; car cest animal paist de son naturel voluntiers en une terre franche et grasse, telle qu'est la France. Et quant au corbeau, tel oiseau guida Battus quand il abandonna l'isle de There et s'en alla habiter Cyrene en Libye,ainsi qu'a escript Cal-limach, poète grec :
K6pa£ TJyrçt-a-o Aatp
béfro; ôtxtalrjpm.
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voulant dire que le corbeau est augure prospère à conduire ung peuple pour fonder nouvelle colonie.
Ces deux figures se regardoient l'une l'aultre, representans les tiges des Rois de France, l'ung pour avoir conquis une bonne partie dc la Gaule, et, comme ung esclair, fouldroyé ce qu'il avoit rencontré; l'aultre pour avoir amené les colonies de Franconie sur les bordz du Rhin et de Seine, lesquelles depuis, poussées par Mérovée et Claudion, plantèrent les bornes de France jusques aux rives de Loire, ct par leurs successeurs jusques aux Alpes et monts Pyrénées.
Au dessoubz des piedz d'estaltz qui portaient les dictes figures et frontispice cy dessus mentionné, estoit une corniche representant aussy le marbre gris, laquelle decoroit grandement l'excellence de cest ouvraige; et au dessoubz d'icelle, trois tables d'attente, l'une desquelles, qui estoit au millieu et dessus le ceintre de l'arc, avoit quatre piedz de hault sur sept piedz de large, en laquelle estoient escriptz, en grosse lettre noire sur fond blanc, ces vers :
De CB GRAND FnANCION, VRAY TIGE DES FRANÇOYS,
Vint jadis Pharamond le premier de noz Roys. Lequel print des Troyens et Germains sa naissance, Dont la race aujourd'huy se renouvelle en France [B](2).
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(1) Cette citation, corrigée d'après la relation imprimée (fol. 9 r°), ne se trouve que dans le Registre B. Dans A, il y a un blanc pour toutes les citations en langue grecque.
(2) Cotte initiale signifie Bouquet. A la suite de ce qui est relatif à l'entrée de la Reine, dans la relation imprimée signalée cidessus (page 2 63, note 2), on trouve un feuillet de texte latin dont la forme typographique affecte celle d'un vase. C'est dans celte page que l'échevin Simon Bouquet, sur lequel nous n'avons pu malheureusement trouver aucun autre renseignement, nous apprend que non seulement il est l'auteur des descriptions qui précèdent, mais encore qu'il fut le principal ordonnateur de la fête. Il le fait en termes pompeux : Dictus Bouquet provinciam Iriumphalium arcuum, statuarum, tabularum pictarum, inscriptionum et omnium quœ ad ornamenlum tanti spectaculi erant necessaria, sortitus est. ll ajoute que les vers grecs et latins, excepté ceux tirés de l'antiquité, sont du poète du Roi, Dorat ; que les vers français signés de la lettre R sont de Ronsard, et ceux signés de la lettre B, de lui Bouquet. Ces derniers, on lo verra, sont les plus nombreux, sinon les meilleurs; car nous reproduisons à la suite de chaque inscription l'initiale que nous fournit le texte imprimé en 1571. Cette versification officielle n'est le plus souvent qu'un tissu de banalités et de pauvretés plus ou moins poétiques, même quand elle est signée d'un R. C'est donc moins dans l'espoir de rehausser la gloire littéraire du poète bien connu, que dans le but de satisfaire la curiosité, que nous donnons ces indications. C'est au même titre que nous réimprimons ici le sonnet de Ronsard à l'échevin Bouquet, qui sert de préface au récit de ce dernier dans l'imprimé :
Sonnet de Pierre de Ronsard à l'autheiir. Comme une fille en toute diligence,
Voyant un pré esmaillé de couleurs,
Entre dedans, et choisissant les fleurs,
Un beau bouquet pour son sein elle agence; Ainsi, Bouquet, cueillant en abondance
Fleurs dessus fleurs, clans le jardin des Sœurs,
Fais, choisissant les plus douces odeurs,
Un beau bouquet de ton livre à la France. L'honneur des Rois, de Paris la grandeur,
L'heur des François emplissent la rondeur
De ton bouquet, qui fleurist davantage Contre le temps, qui ies autres deffait.
Car ton bouquet, quo les Muses ont fait,
Ne craint l'hyver ni l'injure de l'aage. (Fol. 5 r°.)
vi. 34
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lUPItlUEME KiTIOSALE.
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